L’entrepreneur a besoin d’agir, de passer à l’action.
Une des grandes philosophies qui peut l’aider dans cet exercice, c’est l’effectuation.
A titre personnel, c’est une démarche qui me convient parfaitement.
Quels sont les 6 principes de l’effectuation pour passer à l’action ?
Qu’est ce que l’effectuation ? C’est la démarche qu’il te faut, pour agir et entreprendre dans un contexte fait d’incertitudes, de risques, bref dans un environnement incertain.
Elle se construit autour de 6 grands principes.
Définition de l’effectuation
“Mettre à exécution quelque chose“.
Il s’agit d’une approche qui décrit le processus mental utilisé par les entrepreneurs pour prendre des décisions dans des environnements incertains.
Contrairement à l’approche traditionnelle basée sur la causalité, où l’entrepreneur cherche à identifier et exploiter les opportunités existantes, l’effectuation se concentre sur la création d’opportunités à travers l’engagement des ressources disponibles. Au lieu de prédire l’avenir ou de s’appuyer sur des prévisions, les entrepreneurs qui utilisent l’effectuation considèrent que l’avenir est incertain et qu’il est possible de le façonner par leurs propres actions.
Dans ce qui nous concerne ici, il s’agit d’exécuter / lancer / concrétiser / rendre réel son projet entrepreneurial.
Il faut comprendre le terme exécution dans le sens réalisation du projet avec toutes les zones d’ombre et incertitudes que cela suppose.
Qu’est ce que l’effectuation et que sont ses grands principes ?
L’effectuation s’inscrit dans la gestion, voire le contrôle d’un environnement imprévisible. Elle permet ainsi de garder le contrôle.
Elle se vit et s’expérimente au travers de ces fameux 6 principes (voir plus bas) qui [décrivent comment pensent, décident et agissent vraiment les entrepreneurs pour créer de nouvelles opportunités et naviguer dans l’incertitude].
A quoi sert l’effectuation ?
Agir, passer à l’action, créer de nouvelles choses, de nouvelles opportunités.
Quel est le lien entre effectuation et la réalité sur le quotidien de l’entrepreneur ?
La réalité de l’entrepreneur s’avère assez simple : Il doit en permanence prendre des décisions pour passer à l’action.
A l’opposé du salarié, il est seul sur son bateau et est donc le seul à pouvoir et devoir prendre des décisions. Sans cela rien n’avance.
Les risques de procrastination, éparpillement, manque de discernement dans la priorisation des tâches s’avèrent importants et peuvent conduire à la perte de confiance en soi de l’entrepreneur, perte d’estime de soi.
Les principes de l’effectuation sont nés de ces différents postulats.
A la base des principes de l’effectuation, la chercheuse Saras Sarasvathy
En 2001 une chercheuse américaine nommée Saras Sarasvathy publie les conclusions de son étude “Comprendre le processus décisionnel des entrepreneurs” qu’elle a démarrée en 1997.
L’étude avait pour objectif de comprendre comment réagissaient ensemble / se comportaient 27 entrepreneurs triés sur le volet face au besoin de résoudre des problèmes de la même typologie de ceux qu’ils rencontraient au quotidien.
Elle y met en lumière 5 principes, regroupés sous le nom d’effectuation, principes qui décrivent comment pensent, décident et agissent vraiment les entrepreneurs pour créer de nouvelles opportunités et naviguer dans l’incertitude.
La mise en lumière de ces grands principes a permis de casser de grands mythes et autres idées reçues autour de l’entrepreneuriat :
Les entrepreneurs ne sont pas des héros.
Ils n’ont pas tous 160 de QI.
Ils ne prennent pas des risques inconsidérés.
Quels sont les 5 grands principes de l’effectuation ?
“Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras”
Ce principe recommande de choisir quelque chose qu’on peut obtenir immédiatement plutôt que quelque chose avec peut-être une valeur plus élevée mais qu’on obtiendra plus tard.
C’est l’équivalent selon moi de “Vaut mieux fait que parfait”. Ou aussi : 1 vaut mieux que 0.
Avancer sur son projet entrepreneurial implique des actions concrètes indispensables. Ici on part du principe qu’il vaut mieux atteindre un objectif imparfait plutôt que procrastiner en attendant la perfection.
Cela fait écho selon moi à la méthode Agile Scrum qui prône le “fail fast”.
L’entrepreneur fait avec les moyens qu’il a à disposition à un instant T. De ce périmètre il doit réaliser quelque chose.
On valorise l’action plutôt que l’atteinte de la perfection ou du zéro défaut.
“La perte acceptable”
Au lieu de tabler sur des gains éventuels et générateurs de stress si non atteints, on se concentre sur les pertes envisageables. Histoire de limiter la casse.
On définit les actions en fonction de cette perte potentielle.
Parce que la perte est envisageable on va chercher à maximiser les bénéfices. Ce qui nous met dans une posture gagnante et positive. Cela rend l’échec éventuel moins anxiogène et pousse plus facilement à l’action.
On se contente de la version minimale et on l’enrichit par la suite.
“Le patchwork fou”
L’idée est ici de co créer de manière itérative avec des personnes expertes sue leur sujet sans forcément connaitre le résultat final.
Ce travail en intelligence collective permet de réduire la perte acceptable citée plus haut.
Il faut se faire confiance en soi et aux autres membres de l’équipe sans connaitre la finalité.
Voir l’exercice comme une opportunité de voir de nouvelles idées sortir de terre (comme avec la démarche design thinking).
“Tirer parti des surprises” / Limonade
Il s’agit ici de réagir, faire preuve de résilience et de créativité lorsque le projet capote, connait des difficultés, des ralentissements.
L’entrepreneur mobilise sa charge mentale et sa créativité pour avancer. Il doit faire preuve de lucidité, pragmatisme et opportunisme.
Lucidité : Les entrepreneurs savent qu’un grain de sable peut enrayer la machine très facilement, et doivent l’accepter comme élément du jeu, tout comme le doute.
Pragmatisme et opportunisme : Agir, saisir des opportunités d’avancer sur le projet lorsqu’elles se présentent, transformer un problème en opportunité.
Surtout, ne pas baisser les bras, et réagir avec les ressources et les moyens à disposition à ce moment là.
“Le pilote dans l’avion”
Il est question ici de créer l’avenir plutôt que de le prévoir, ou pire de le subir. L’avenir se crée, pour les plus audacieux. Plus un environnement est instable et plus cet exercice devient périlleux et aléatoire.
A titre personnel, c’est le principe dans lequel je me retrouve le plus. Dans le sens, où sur fond de guerre en Ukraine, de réchauffement climatique, la retraite qu’on a aura très certainement jamais, les perspectives d’avenir paraissent bien ternes.
C’est aussi pour cela que je me suis mis à mon compte : Pour créer une activité qui me correspond, dans laquelle je me reconnais, et peux m’investir en pensant sur le long terme à un futur sur mesure, et non quelque chose d’imposé, ou pire tout tracé.
“Tout est question de confiance”
Je le dis souvent, la confiance est à la base de toute réussite.
On parle ici de confiance en ses aptitudes, en ses compétences, hard skills, soft skills, mad skills, life skills. Les 5 principes cités plus haut nécessitent pour fonctionner d’un minimum de confiance en soi, et en sa capacité à produire quelque chose.
On parle également de confiance en l’avenir et sa capacité à rebondir / résilience. Celle-ci est liée à cette fameuse notion de perte acceptable, mais aussi à la confiance en soi (et la capacité à absorber ce risque).
On parle par ailleurs de confiance en l’autre et en ses partenaires. En effet, l’idée est de créer des partenariats pour créer son projet, il faut donc avoir confiance en ces personnes. On fait confiance en l’intelligence collective, et en la valeur qui en ressortira.
On parle de confiance en soi, en lien avec sa capacité de résilience et de créativité >> Je sais qu’en cas de coup dur je saurai faire preuve de résilience (suffisamment pour avancer) et je saurai être créatif et à même de produire des choses intéressantes et pertinentes pour mon projet.
Derrière ce point se cache une autre réalité : le besoin d’avoir le bon état d’esprit : celui qui va de l’avant, qui a envie, et qui voit toujours une opportunité à la place d’un risque.
Il s’agit de voir la réalité du projet objectivement, d’être pleinement conscient des implications, des difficultés, des risques.
Pas d’effectuation sans raison d’être ?
Ok pour passer à l’action, agir, mais en ayant en ligne de fond pourquoi on fait ce qu’on fait, le fameux pourquoi. Ainsi que la vision que l’entrepreneur a, et la mission qui en découle.
Philosophie de l’effectuation
L’effectuation se concentre sur les ressources disponibles et l’expertise de l’entrepreneur lui-même plutôt que sur des prévisions ou des analyses extérieures. Au lieu de chercher à prédire l’avenir ou à identifier les opportunités existantes, les entrepreneurs pro effectuation utilisent leurs propres compétences et connaissances pour créer de nouvelles opportunités.
Une des grandes idées de l’effectuation c’est que la contrainte pousse l’individu et l’entrepreneur à faire preuve de créativité.
Seconde grande idée : Il n’y a qu’en agissant qu’on peut faire avancer les projets et le processus effectual plus globalement.
Troisième grande idée : L’effectuation repose sur l’incertitude, mais ne la considère pas comme un poids ou une menace mais plutôt comme une opportunité pour pousser à créer
Quatrième grande idée : Produire de nouvelles choses à partir des moyens à disposition à tel moment.
L’effectuation a ce gros avantage de focaliser l’entrepreneur sur l’action et ainsi de l’empêcher de se perdre dans les méandres interminables de l’inaction, l’attente d’une solution parfaite, la procrastination.
Avancer, même si c’est pour se tromper ou produire quelque chose d’imparfait a le mérite de faire progresser et d’amener l’état d’esprit dans une nouvelle dimension à chaque itération.
L’effectuation permet aussi, il me semble, de ne pas faire de la solitude de l’entrepreneur un axe négatif mais plutôt une réalité pour continuer d’avancer.
Je crois fondamentalement en l’intelligence collective et en l’apparition de nouvelles idées en se confrontant à la réalité d’autres entrepreneurs.
Au-delà des business plans et des études de marche, ce qu’on voit surtout ici c’est l’envie d’entreprendre, l’esprit entrepreneurial, le projet d’entreprendre, et de s’élever, élever sa vie grâce à cette démarche et cet état d’esprit.
Vient ensuite la question de l’alignement profond entre les valeurs, les actions, l’activité, et la raison d’être de l’entrepreneur.
Un entrepreneur profondément aligné ira plus loin, aura plus envie d’avancer qu’un entrepreneur à qui il manque cette pièce du puzzle de l’alignement.
L’effectuation s’avère aussi un terreau fertile pour l’innovation.
Ressources complémentaires
Ne te compare pas aux concurrents
Sois bienveillant envers toi même
Comment construire ton activité